Gaëtan Bender, viticulteur et ingénieur œnologue diplômé de la HES de Changins, gère un vignoble familial de 25 hectares appartenant à l’entreprise Thétaz-Bender, située à Fully, en Suisse. Toute la production du vignoble est destinée à la Famille Thétaz, Cave de Vignerons à Fully. En 2022, Gaëtan a décidé de remplacer le système traditionnel de traitement à jet porté (type Canon Cima) par un drone d’épandage, motivé par le désir de réduire la dérive des pulvérisations, d’améliorer la sécurité et le confort de l’utilisateur, et de diminuer les nuisances sonores des traitements. Ce choix s’est concrétisé par l’adoption du drone DJI Agras T30, une technologie innovante fournie avec formation et support par DigitalRoots. Après deux saisons d’utilisation, Gaëtan partage dans cet article les bénéfices et les défis de cette nouvelle approche, qui transforme ses pratiques viticoles et offre une perspective moderne et performante sur la gestion phytosanitaire.
Situé entre Saillon et Martigny, en majeure partie dans des zones de coteau difficiles d’accès. Seuls 9 ha phytosanitaire, pour la région d’une manière générale et pour le domaine en particulier, est représenté par l’oïdium.
La surface considérée comme favorable à l’épandage par drone est au total de 16 ha. Elle comporte d’une part deux blocs, l’un de 9 ha situé à Saillon, l’autre de 5 ha à Martigny, d’autre part, des parcelles dont la superficie varie de 1 ha à 3000 m2. Cette surface d’épandage ne présente aucune habitation en bordure, et peu de pylônes électriques, téléphoniques ou d’obstacles semblables à proximité.
Nous utilisons un drone DJI Agras T30 pour le traitement phytosanitaire de notre vignoble. Ce drone, capable de transporter 30 litres de bouillie, suit des lignes de traitement créées à partir de photos 3D fournies par le logiciel Agrivision de DigitalRoots. Grâce au GPS corrigé par RTK, il atteint une précision de 1,5 cm, avec un épandage entièrement automatisé. Pour l’utiliser, nous avons obtenu les brevets suisses A1, A2 et A3, ainsi qu’un MANEX réalisé avec l’aide de DigitalRoots, qui assure également la formation. En Suisse, ce drone n’est pas considéré comme un traitement aérien, car la dérive est maîtrisée dans des conditions adéquates.
1. Traitement PI : réduction des phytosanitaires de synthèse avec un maximum de 1,5 kg de cuivre métal par hectare et par an, répartis sur 6 à 7 passages, plus un traitement au sol pour les cépages à risque.
Trois plans de traitement différents sont appliqués dans le vignoble :
2. Traitement bio à base de bouillie bordelaise et de soufre, avec 8 passages, plus un traitement au sol.
3. Traitement bio “Vitistim” : 8 passages, plus un traitement au sol.
Les traitements au sol sont réalisés à l’aide d’un atomiseur ou d’un turbo monté sur une petite chenillette. En termes de protection phytosanitaire, les variantes 2 et 3 n’ont pas montré de différence significative et seront regroupées sous le terme “variante bio” dans la suite du document. Les cépages jugés à faible risque, comme le Chasselas, Pinot Noir, Gamaret, Cabernet Sauvignon, Merlot, et Marsanne, ont été traités uniquement par drone, sans traitement au sol. Les cépages à risque d’oïdium, tels que le Johannisberg, Chardonnay, Humagne Rouge, et Gamay, ont nécessité des traitements supplémentaires.
Le remplissage du drone s’effectue via une cuve de mélange de 400 litres, appelée MixBox, spécialement conçue pour préparer la bouillie de traitement. Comme le drone n’est pas équipé d’un système de brassage interne, il est essentiel que le mélange soit parfaitement homogène avant chaque remplissage. À chaque opération, la batterie du drone est également remplacée, garantissant un fonctionnement optimal. Ce système de remplissage a l’avantage de prévenir toute perte de produit au sol, assurant ainsi une application propre et efficace.
1er Tour 100 l/ha | 2ème Tour 120 l/ha | 3ème Tour 150 l/ha | 4ème Tour 200 l/ha |
5ème Tour 100 l/ha | 6ème Tour 120 l/ha | 7ème Tour 150 l/ha | 8ème Tour 200 l/ha |
Le volume de bouillie appliqué par hectare est un facteur clé pour garantir la qualité du traitement. Il augmente progressivement avec la croissance du feuillage et atteint 200 litres par hectare lorsque la densité maximale du feuillage est atteinte.
En général, la hauteur de vol est réglée à 4 mètres au-dessus du sol, sauf lors du premier passage, où elle est ajustée à 5 mètres pour éviter d’endommager les jeunes pousses. Les photos en nuage de points (ou en 3 dimensions), utilisées pour définir les lignes de vol, ne sont pas toujours parfaitement précises. C’est pourquoi nous devons surveiller la hauteur en continu pendant la mission. Il s’agit d’ailleurs du seul paramètre de vol que nous pouvons ajuster sans interrompre le traitement.
La vitesse de vol varie en fonction de l’écartement des lignes de vol, du volume de bouillie par hectare et du débit des pompes. Elle se situe généralement entre 5 km/h (1,39 m/s) et 8 km/h (2,22 m/s).
La machine ayant une envergure de 3 mètres, nous avons réglé la largeur de traitement à 3,5 mètres. Cela signifie que le drone passe tous les 3,5 mètres, en changeant automatiquement de ligne.
La vitesse de vol dépend du volume de bouillie par hectare et, surtout, de la configuration du vignoble. Dans un vignoble optimisé, avec de grandes surfaces regroupées et sans contraintes topographiques (comme des arbres, des lignes électriques ou téléphoniques), le temps nécessaire à la préparation (préparer le drone, obtenir le signal GPS + RTK, remplir le réservoir) est d’environ 10 minutes.
Les données suivantes concernent un secteur optimisé pour l’utilisation du drone. Nous appelons “rotation” le cycle complet incluant le remplissage du réservoir, le changement des batteries, le décollage, l’atteinte du point de départ de la mission, la pulvérisation, puis le retour et l’atterrissage. Il est important de noter que les batteries sont remplacées à chaque rotation.
Litrage / ha | 100 litres/ha | 120 litres/ha | 150 litres/ha | 200 litres/ha |
Surface couverte par une rotation | 3’000 m2 | 2’500 m2 | 2’000 m2 | 1’500 m2 |
Nombre de rotation pour couvrire 1ha | 3,3 rotations | 4 rotations | 5 rotations | 6.6 rotations |
Temps de pulvérisation | 8 min. | 7 min. | 6 min. | 5,5 min. |
TEmps par rotation en moyenne | 11 min. 30 sec. | 11 min. | 10 min. | 9 min. 30 sec. |
Temps par ha (surface optimisée) | ∼ 40 min | ∼ 45 min | ∼ 55 min | ∼ 1h10 |
Vent : Le vent augmente la dérive et réduit la qualité d’application des produits phytosanitaires. Au-delà de 4,5 km/h (1,25 m/s), le traitement devient sous-optimal, et à partir de 6 km/h (1,67 m/s), la dérive nous contraint à arrêter. Les conditions idéales dans notre secteur se situent entre 4h30 et 10h30 du matin, limitant le traitement à environ 7 hectares par jour.
Température : La chaleur affecte la recharge des batteries et peut causer des problèmes avec le mélangeur de produits. Plus la batterie chauffe, plus le temps de charge augmente, ce qui, comme pour tout système de traitement, diminue la qualité de l’épandage.
Précision : L’extrême précision de l’appareil (1,5 cm) peut devenir un facteur limitant. Si une ligne de vol manque quelques ceps, ceux-ci ne recevront pas de produit, car la dérive est très faible. L’expérience montre que la zone directement sous la machine (2 m de rayon) est mieux couverte que les bords (75 cm de chaque côté). En 2024, nous ajusterons les départs de traitement de 1,5 m à chaque tour.
Qualité des produits et de l’eau : La miscibilité des produits et la qualité de l’eau peuvent entraîner des colmatages des filtres et des buses.
Le volume résiduel de bouillie dans la cuve du drone est d’environ 3 dl (0,3 L). Le mélangeur est équipé d’un fond à vidange totale, ce qui permet de suivre facilement les recommandations de l’OFAG pour minimiser l’impact environnemental des résidus. Nous rinçons le mélangeur avec 40 litres d’eau claire, appliquée sur les cultures via le drone. Le drone lui-même est rincé avec deux fois 15 litres (30 L au total) d’eau claire, également épandus sur les cultures. Ensuite, tous les appareils sont nettoyés dans une station de lavage dédiée.
Le risque le plus sérieux serait un contact avec les hélices en vol. Il existe également d’autres risques liés à l’électricité, aux batteries, et à la génératrice, ainsi qu’aux produits phytosanitaires utilisés. Les appareils sont équipés d’un coupe-circuit indépendant qui permet de couper les moteurs en cas de perte de guidage.
L’investissement total pour le domaine s’élève à 52’000 CHF, pour un coût amorti de 0,32 CHF/m2 (produits compris)
Observations après deux ans d’utilisation :
Comparaison des traitements :
Remarque importante :
Ces données n’ont pas été recueillies selon un protocole strict d’étude scientifique. Elles ont été collectées dans le but de gérer les futures cuvées et d’évaluer la qualité d’application globale dans le domaine.
Le pourcentage de grappes touchées est indiqué sans tenir compte de l’intensité de l’attaque. L’impact économique est représenté en vert s’il n’y a pas de perte, en rouge en cas de perte économique significative, et en orange lorsque la régulation de la récolte a permis de limiter ou éviter la perte.
Plans de traitement / types de cépages | Traitement PI par drone sans passage au sol | Traitement PI par drone avec passage au sol | Traitement BIO par drone avec passage au sol | Traitement PI avec turbo Fischer | Traitement BIO avec turbo Fischer | Témoin non traité |
---|---|---|---|---|---|---|
Cépage à risque faible | 1% | 1% | 2% | 0% | 0% | 75% |
Cépage sensible à l’oïdium (humagne R., Gamay) | 10% | 6% | 15% | 3% | 5% | 100% |
Cépages très sensibles (Chardonnay, Johannisberg) | 40% | 15% | Pas de donnée | 5% | Pas de donnée | 100% |
Plans de traitement / types de cépages | Traitement PI par drone sans passage au sol | Traitement PI par drone avec passage au sol | Traitement BIO par drone avec passage au sol | Traitement PI avec turbo Fischer | Traitement BIO avec turbo Fischer | Témoin non traité |
---|---|---|---|---|---|---|
Cépage à risque faible | 1% | 0% | 2% | 0% | 0% | 50% |
Cépage sensible à l’oïdium (humagne R., Gamay) | 15% | 5% | 5% | 0% | 5% | 80% |
Cépages très sensibles (Chardonnay, Johannisberg) | 25% | 10% | Pas de donnée | 3% | Pas de donnée | 100% |
Le traitement par drone a permis de protéger efficacement notre vignoble difficile d’accès tout en améliorant la sécurité et le confort des collaborateurs. Bien que cette technologie ne soit pas parfaite, elle est encore jeune et évolue rapidement. Elle garantit la production dans des vignobles où les coûts ou les risques d’un traitement au sol sont élevés. De plus, le drone est mieux perçu par la population que d’autres méthodes, offrant une image novatrice, moderne et performante de notre métier.
En partenariat avec DJI, leader mondial, nous apportons des technologies avancées pour l’agriculture. Nous garantissons fiabilité, disponibilité des pièces, et un service après-vente réactif. Notre innovation constante et notre dialogue avec les autorités assurent une conformité parfaite avec les réglementations actuelles et futures.
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Suivez l’utilisation et la fréquence d’application de chaque produit sur chaque parcelle. Recevez une preuve de traçabilité complète des produits utilisés tout au long de l’année.
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